Французский с Проспером Мериме. Кармен
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Voil`a, monsieur, la belle vie que j’ai men'ee (вот, сеньор, какую прекрасную жизнь я вел). Le soir, nous nous trouv^ames dans un hallier (вечером мы встретились в зарослях кустарника; hallier, m – заросли кустарника; чаща), 'epuis'es de fatigue, n’ayant rien `a manger (изможденные от усталости, не имеющие ничего поесть) et ruin'es par la perte de nos mulets (и разоренные из-за потери наших мулов). Que fit cet infernal Garcia (что сделал этот адов Гарсия)? Il tira un paquet de cartes de sa poche (он достал колоду карт из своего кармана), et se mit `a jouer avec le Danca"ire (и принялся играть с Данкайре) `a la lueur d’un feu qu’ils allum`erent (при свете костра, который они развели; feu, m – огонь; костер; allumer – зажигать). Pendant ce temps-l`a, moi, j’'etais couch'e, regardant les 'etoiles (в этот момент я лежал, глядя на звезды; 'etoile, f), pensant au Remendado, et me disant que j’aimerais autant ^etre `a sa place (думая
Voil`a, monsieur, la belle vie que j’ai men'ee. Le soir, nous nous trouv^ames dans un hallier, 'epuis'es de fatigue, n’ayant rien `a manger et ruin'es par la perte de nos mulets. Que fit cet infernal Garcia? Il tira un paquet de cartes de sa poche, et se mit `a jouer avec le Danca"ire `a la lueur d’un feu qu’ils allum`erent. Pendant ce temps-l`a, moi, j’'etais couch'e, regardant les 'etoiles, pensant au Remendado, et me disant que j’aimerais autant ^etre `a sa place.
Carmen 'etait accroupie pr`es de moi (Кармен сидела на корточках возле меня; s’accroupir – сидеть на корточках), et de temps en temps, elle faisait un roulement de castagnettes en chantonnant (и время от времени она стучала кастаньетами, напевая; roulement, m – качение, движение; стук; rouler – катить). Puis, s’approchant comme pour me parler `a l’oreille (затем, приближаясь, словно чтобы сказать мне что-то на ухо; oreille, f), elle m’embrasse, presque malgr'e moi, deux ou trois fois (она целует меня, почти против моей воли, и так два или три раза).
– Tu es le diable, lui disais-je (ты дьявол, – говорил я ей).
– Oui, me r'epondait-elle (да, – отвечала мне она).
Carmen 'etait accroupie pr`es de moi, et de temps en temps, elle faisait un roulement de castagnettes en chantonnant. Puis, s’approchant comme pour me parler `a l’oreille, elle m’embrasse, presque malgr'e moi, deux ou trois fois.
– Tu es le diable, lui disais-je.
– Oui, me r'epondait-elle.
Apr`es quelques heures de repos, elle s’en fut `a Gaucin (через несколько часов отдыха она ушла в Гаусин; repos, m; se reposer – отдыхать), et le lendemain matin un petit chevrier vint nous porter du pain (и на следующее утро пастушок принес нам хлеба; chevrier, m – пастух /козьего стада/; ch`evre, f – коза). Nous demeur^ames l`a tout le jour (мы оставались там весь день; demeurer – жить; оставаться на месте), et la nuit nous nous rapproch^ames de Gaucin (а ночью мы подошли к Гаусину). Nous attendions des nouvelles de Carmen (мы ждали вестей от Кармен; nouvelle, f). Rien ne venait (ничего не было: «не приходило»). Au jour, nous voyons un muletier (на рассвете мы увидели погонщика мула; jour, m – день; свет, дневной свет) qui menait une femme bien habill'ee, avec un parasol (который сопровождал хорошо одетую женщину с зонтиком от солнца), et une petite fille qui paraissait sa domestique (и маленькую девочку, которая, по-видимому, была ее служанкой: «которая казалась ее служанкой»). Garcia nous dit (Гарсиа сказал нам):
– Voil`a deux mules et deux femmes que saint Nicolas nous envoie (вот два мула и две женщины, которых святой Николай посылает нам; mule, f – самка лошака, самка мула; envoyer); j’aimerais mieux quatre mules (я бы предпочел четырех мулов); n’importe, j’en fais mon affaire (но все равно я сделаю свое дело)!
Apr`es quelques heures de repos, elle s’en fut `a Gaucin, et le lendemain matin un petit chevrier vint nous porter du pain. Nous demeur^ames l`a tout le jour, et la nuit nous nous rapproch^ames de Gaucin. Nous attendions des nouvelles de Carmen. Rien ne venait. Au jour, nous voyons un muletier qui menait une femme bien habill'ee, avec un parasol, et une petite fille qui paraissait sa domestique. Garcia nous dit:
– Voil`a deux mules et deux femmes que saint Nicolas nous envoie; j’aimerais mieux quatre mules; n’importe, j’en fais mon affaire!
Il prit son espingole et descendit vers le sentier (он взял свой мушкетон и спустился к тропинке; descendre) en se cachant dans les broussailles (прячась в густом кустарнике; broussaille, f – густой кустарник, чаща; колючки). Nous le suivions, le Danca"ire et moi, `a peu de distance (мы с Данкайре шли за ним следом, на некотором расстоянии; distance, f). Quand nous f^umes `a port'ee, nous nous montr^ames (когда мы были близко, мы показались = выскочили; port'ee, f – досягаемость), et nous cri^ames au muletier de s’arr^eter (и крикнули погонщику мулов
– Ah! les lillipendi qui me prennent pour une erani 37 (ха-ха, лильипенди приняли меня за эраньи; prendre pour qn – принимать за кого-либо)!
Il prit son espingole et descendit vers le sentier en se cachant dans les broussailles. Nous le suivions, le Danca"ire et moi, `a peu de distance. Quand nous f^umes `a port'ee, nous nous montr^ames, et nous cri^ames au muletier de s’arr^eter. La femme, en nous voyant, au lieu de s’effrayer, et notre toilette aurait suffi pour cela, fait un grand 'eclat de rire.
– Ah! les lillipendi qui me prennent pour une erani!
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Les imb'eciles qui me prennent pour une femme comme il faut (эти дураки приняли меня за порядочную женщину).
C’'etait Carmen, mais si bien d'eguis'ee (это была Кармен, но так хорошо = искусно переодетая; se d'eguiser – переодеваться, рядиться), que je ne l’aurais pas reconnue parlant une autre langue (что я бы не узнал ее, если бы она говорила на другом языке). Elle sauta en bas de sa mule (она спрыгнула со своего мула; en bas – вниз), et causa quelque temps `a voix basse avec le Danca"ire et Garcia (и беседовала тихо какое-то время с Данкайре и Гарсией), puis elle me dit (потом она мне сказала):
– Canari, nous nous reverrons avant que tu sois pendu (канарейка, мы еще увидимся, прежде чем ты будешь повешен; pendre). Je vais `a Gibraltar pour les affaires d’'Egypte (я еду в Гибралтар по цыганским делам). Vous entendrez bient^ot parler de moi (вы скоро услышите обо мне).
C’'etait Carmen, mais si bien d'eguis'ee, que je ne l’aurais pas reconnue parlant une autre langue. Elle sauta en bas de sa mule, et causa quelque temps `a voix basse avec le Danca"ire et Garcia, puis elle me dit:
– Canari, nous nous reverrons avant que tu sois pendu. Je vais `a Gibraltar pour les affaires d’'Egypte. Vous entendrez bient^ot parler de moi.
Nous nous s'epar^ames apr`es qu’elle nous e^ut indiqu'e un lieu (мы расстались после того, как она указала нам место) o`u nous pourrions trouver un abri pour quelques jours (где мы могли бы найти укрытие на несколько дней). Cette fille 'etait la providence de notre troupe (эта девчонка была ангелом-хранителем для нашей шайки; providence, f – провидение; /перен./ покровитель, покровительница, добрый гений). Nous rec^umes bient^ot quelque argent qu’elle nous envoya (вскоре мы получили немного денег, которые она нам послала), et un avis qui valait mieux pour nous (и сообщение, которое было еще более ценным для нас; avis, m – мнение; предупреждение; сообщение): c’'etait que tel jour partiraient deux milords anglais (что в такой-то день отправятся /в путь/ два английских милорда), allant de Gibraltar `a Grenade par tel chemin (едущие из Гибралтара в Гренаду по такой-то дороге). `A bon entendeur salut (имеющий уши да услышит; entendeur, m – /уст./ слышащий, понимающий; entendre – слышать). Ils avaient de belles et bonnes guin'ees (у них было много звонких гиней; bel et bon – истинный, подлинный, превосходный). Garcia voulait les tuer (Гарсиа хотел убить их), mais le Danca"ire et moi, nous nous y oppos^ames (мы с Данкайре воспротивились этому). Nous ne leur pr^imes que l’argent et les montres (мы у них забрали только деньги и часы; montre, f), outre les chemises, dont nous avions grand besoin (помимо рубашек, в которых мы сильно нуждались; chemise, f; besoin, m – нужда, потребность).
Nous nous s'epar^ames apr`es qu’elle nous e^ut indiqu'e un lieu o`u nous pourrions trouver un abri pour quelques jours. Cette fille 'etait la providence de notre troupe. Nous rec^umes bient^ot quelque argent qu’elle nous envoya, et un avis qui valait mieux pour nous: c’'etait que tel jour partiraient deux milords anglais, allant de Gibraltar `a Grenade par tel chemin. `A bon entendeur salut. Ils avaient de belles et bonnes guin'ees. Garcia voulait les tuer, mais le Danca"ire et moi, nous nous y oppos^ames. Nous ne leur pr^imes que l’argent et les montres, outre les chemises, dont nous avions grand besoin.