Le magistrat cambrioleur (Служащий-грабитель)
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Tout en parlant, le major continuait sa ronde.
Il arriva `a la hauteur de la cellule d’o`u venait de sortir Fant^omas. Il ouvrit l’ « espion ».
Le bandit, `a nouveau, se sentit fr'emir.
Fant^omas qui n’avait pas eu le temps de le contempler au moment de son 'evasion, alors qu’h^ativement il empaquetait les v^etements de son sauveteur, qu’il mettait la barbe et la moustache postiches dont il n’avait os'e se munir qu’`a la derni`ere minute, se penchait par-dessus l’'epaule du surveillant, regardait lui aussi avec curiosit'e `a travers l’
Fant^omas ne dit rien, ne fit aucune remarque…
M^eme il murmura :
— Eh bien, Major, je vais au calorif`ere.
Seulement `a cet instant, Fant^omas 'etait bl^eme, Fant^omas sentait ses jambes vaciller sous lui, il 'etait terrifi'e, an'eanti. Dans le d'el'egu'e autrichien qui avait pris sa place, dans celui qui se donnait comme un envoy'e de B'eb'e, dans celui qu’il avait pris pour un complice, il venait de reconna^itre qui ? Son plus mortel ennemi, le Roi des policiers : Juve.
C’'etait Juve qui, volontairement, venait de lui rendre la libert'e. C’'etait Juve qui avait pris la place de Fant^omas. Et Fant^omas se demandait pourquoi, avec une anxi'et'e f'ebrile.
Il 'etait sept heures dix lorsque Fant^omas, portant toujours son paquet sous le bras, se rendit au calorif`ere apr`es avoir reconnu Juve `a travers l’ « espion ».
Deux heures plus tard le bandit se trouvait encore dissimul'e dans les sous-sols de la prison. Enfonc'e dans un coin d’ombre, il r'efl'echissait.
— Juve, songeait Fant^omas, que veut-il ? Que m'edite-t-il ?
Il lui apparut tr`es vite que Juve ne devait pas s’^etre apercu que lui, Fant^omas, l’avait reconnu.
Et cette pens'ee rassurait le Ma^itre de l’'Epouvante.
— Parbleu, songeait Fant^omas, Juve s’est dit : « Je vais faire 'evader Fant^omas, puis, dans quelques heures, je crierai cette 'evasion, je la proclamerai, j’en donnerai pour preuves mes habits que je ferai retrouver cach'es dans la buanderie. Il faudra bien que l’on me rel^ache, il faudra bien que l’on me rende `a la libert'e et j’en profiterai pour recommencer ma poursuite acharn'ee contre l’ennemi ».
Or, pensant cela, Fant^omas, riait :
Ah, Juve avait pens'e se moquer de lui, le faire sortir de la prison, o`u lui-m^eme entrait, pour mieux pouvoir l’atteindre.
Eh bien, soit. Fant^omas acceptait le d'efi, c’'etait volontairement que Juve s’'etait fait incarc'erer, escomptant que sa mise en libert'e ne souffrirait aucune difficult'e. Il lui prouverait le contraire :
— Je vais jeter les habits de Juve dans le calorif`ere, je vais les an'eantir. De la sorte, Juve ne pourra plus proclamer sa personnalit'e. On ne le croira pas. Il a voulu ^etre Fant^omas, il le sera. Il le restera. Il restera prisonnier ici, toute sa vie, `a ma place.
D’un pas d'elib'er'e, Fant^omas quitta le coin noir o`u il se dissimulait. Il suivit une enfilade de caves, il s’orienta. Quelques minutes plus tard, il ouvrait la porte du calorif`ere, il y jetait le paquet de v^etements qu’il avait conserv'e jusqu’alors.
Puis apr`es avoir un peu tisonn'e le foyer du calorif`ere, il s’'eloigna. Il n’'etait pas embarrass'e maintenant pour sortir de la prison.
Remontant dans les cours, il se m^ela `a la foule des gardiens du service de jour qui se groupaient au centre de la prison, sous les ordres d’un surveillant-chef, qui, `a l’arriv'ee de la brigade de nuit, lib'erait son monde.
Cinq minutes apr`es son d'epart de la cave du calorif`ere, Fant^omas 'etait dans la rue, libre, exultant.
14 – LA TRAQUE
Le train sifflait. Traversant `a toute vitesse la campagne habituelle des pays belges, simple mais proprette, l’express, de toute sa puissance, se pr'ecipitait en avant.
C’'etait, aussi bien, un express de luxe, l’express qui assure le service de Bruxelles `a Ostende, l’express qui unit la capitale de la Belgique aux bateaux qui partent de la c^ote belge `a destination de l’Angleterre.
Il y avait peu de monde dans le train, le commencement de l’hiver n’'etant gu`ere la saison o`u l’on voyage de pr'ef'erence, mais, cependant, en seconde classe, une certaine quantit'e de voyageurs s’'etait install'ee, dans les wagons `a couloir, et tant et si bien que depuis le d'epart de la gare de Bruxelles, longeant tout le train, visitant tous les compartiments, deux inconnus ne pouvaient en d'ecouvrir un pour causer tranquillement.
Ces deux hommes, v^etus fort simplement, mais cependant avec un certain confort, coiff'es de chapeaux melons, sangl'es de longs pardessus noirs, chauss'es de lourdes bottines, pouss`erent un soupir de soulagement en d'ecouvrant enfin un compartiment vide.
— Ma foi, chef murmurait l’un d’eux, je d'esesp'erais de trouver une retraite o`u pouvoir prendre tranquillement vos instructions.
Celui des deux voyageurs que son compagnon venait d’appeler « chef », haussa les 'epaules, disposa sur les banquettes deux petits sacs de cuir jaune qui constituaient tout son bagage.
— Bah, il ne faut jamais d'esesp'erer de rien, mon vieux L'eon. Au fait, pendant que j’y songe, ne m’appelez donc pas chef, nommez-moi Michel, tout bonnement. Les formalit'es ici ne sont pas du tout de mise.
Michel ?
L'eon ?
Les deux inconnus qui se trouvaient dans le train de Bruxelles, qui venaient avec tant de soin de chercher un endroit o`u causer seuls n’'etaient autres en effet que les deux agents de la S^uret'e francaise, L'eon et Michel, le simple inspecteur L'eon, le brigadier Michel.
L'eon et Michel avaient 'et'e, quelques jours auparavant, convoqu'es par Juve. Ils s’'etaient naturellement rendus `a son appel, avaient sur ses conseils, sollicit'e et obtenu un cong'e de l’administration de la S^uret'e g'en'erale et en vertu des ordres de Juve se trouvaient dans le rapide d’Ostende.