Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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— Quel imb'ecile et quel peureux, r'ep'eta-t-il.
Puis il recula de quelques pas.
— Bec-de-Gaz, ordonna-t-il, fouille-moi ce bonhomme.
L’un de ceux qui avaient jou'e le r^ole de joueur de ballon s’approcha de Dupont de l’Aube. C’'etait le sinistre apache Bec-de-Gaz, et il semblait parfaitement satisfait de l’ordre que venait de lui donner Fant^omas :
— Ca colle, patron, r'epondit-il, on va le retourner le mec. Allez. Des fois, pr^ete-moi la main, OEil-de-Boeuf.
D’autres maintinrent Dupont de l’Aube. OEil-de-Boeuf et Bec-de-Gaz n’'eprouv`erent aucune difficult'e `a d'epouiller compl`etement le malheureux Dupont de l’Aube.
— Patron, criait Bec-de-Gaz, c’est pas du travail pour rien. La montre est en or, la cha^ine est tout pareil, il y a aussi des jaunets dans le porte-monnaie et au doigt j’apercois un brillant qui doit sortir de la bonne maison. Allez, gros cochon, donne-nous ca !
OEil-de-Boeuf, par plaisanterie, venait d’envoyer un formidable coup de poing dans la face du malheureux Dupont de l’Aube. Or, au moment m^eme o`u OEil-de-Boeuf frappait le s'enateur, il roulait sur le sol.
— OEil-de-Boeuf, disait la voix br`eve et nette de Fant^omas, je t’ai dit de fouiller cet individu et non de le frapper.
— C’est possible, ripostait OEil-de-Boeuf, en se frottant les c^otes avec conviction, mais tout de m^eme patron, c’'etait pas la peine de me d'emolir `a moiti'e.
Fant^omas, cependant, s’approchait de Dupont de l’Aube, que deux apaches maintenaient toujours. Fant^omas avait `a la main un long poignard dont il appuyait la pointe sur la gorge de Dupont de l’Aube.
— Cher monsieur, raillait le bandit, je suis au regret que vous manquiez de confiance envers moi. Pourtant, j’ai maintes fois 'etabli qu’il 'etait mauvais et dangereux de vouloir me mentir. Allons, r'epondez-moi, qu’y a-t-il de pr'ecieux dans votre portefeuille ?
Dupont de l’Aube d’abord se tut. Mais la pointe du poignard s’appuyait lentement sur ses chairs. Une angoisse le prit, si forte, qu’il b'egaya :
— Il y a dix mille francs.
La pointe du poignard enfonca plus profond'ement.
— Il y a… Il y a… balbutia Dupont de l’Aube, il y a des papiers qui int'eressent la France.
Du sang coula de la gorge du malheureux, cependant qu’entre eux les apaches 'eclataient de rire :
— Non, vrai, d'eclarait Mort-Subite en s’accoudant sur l’'epaule de la Chol'era, l’interrogatoire est rien farce. C’est pas les curieux patent'es qui sauraient s’y prendre comme ca.
Dupont de l’Aube, cependant, comprenait que c’en 'etait fait de lui s’il ne r'epondait pas.
— Il y a, fit-il, Fant^omas, il y a le brevet d’extradition de Fandor.
Cette fois, le poignard s’'ecarta de la gorge du malheureux.
Fant^omas fit deux pas en arri`ere, il reprit sa pose hautaine, il se croisait les bras `a nouveau. De dessous la cagoule, ses yeux, qui brillaient comme des charbons ardents, se fix`erent sur Dupont de l’Aube.
— Ah ah, gouaillait le bandit, il para^it qu’`a la fin, monsieur le s'enateur, vous vous d'ecidez `a parler ?
— Laissez-moi sauver Fandor ! hurla Dupont de l’Aube.
Mais Fant^omas eut un haussement d’'epaules.
— Non, fit-il.
Et apr`es un instant de silence, il reprit, `a la fois tragique et terrible :
— Je ne vous laisserai pas sauver Fandor, Dupont de l’Aube, j’ai d'ecid'e que Fandor mourrait, et vous devriez savoir que mes arr^ets sont sans appel. Fandor m'erite la mort, je l’ai condamn'e, il sera ex'ecut'e, et ce n’est certainement point vous, vous Dupont de l’Aube, qui me ferez changer d’avis.
Ayant parl'e, Fant^omas 'eclatait de rire, puis faisait un signe :
— Mort-Subite, tu as les papiers pris `a cet homme ?
— Voil`a, patron.
Le s'enateur vit l’un des p^ales voyous qui l’avaient empoign'e et accost'e, donner `a Fant^omas son portefeuille d’o`u d'epassait, soigneusement pli'e, le brevet d’extradition qui devait arracher Fandor au supplice du garrot.
Et Fant^omas, sans se presser, ayant l’air d’agir avec une parfaite assurance, appelait encore :
— Mort-Subite, passe-moi la lanterne.
L’apache tendit `a Fant^omas une petite lampe 'electrique qui lui permettait de voir clair, suffisamment pour lire le document qu’on venait de lui donner. Fant^omas avec une tranquillit'e qui rendait sa lecture encore plus tragique, d'echiffrait le brevet d’extradition.
— C’est parfaitement en r`egle, conclut-il, et il n’est pas douteux, M. Dupont de l’Aube, qu’avec ce document, vous n’ayez pu r'eussir `a tirer d’affaire J'er^ome Fandor. Mais, je vous le r'ep`ete, ceci n’entre pas dans mes vues. Fandor est condamn'e, par cons'equent…
Fant^omas s’interrompit, puis reprit :
— Par cons'equent, voici :
Et en m^eme temps qu’il parlait, il d'echirait en mille petits morceaux le brevet d’extradition, le brevet qui devait permettre de sauver J'er^ome Fandor.
Dupont de l’Aube, pourtant, n’osait rien dire. Il avait r'esist'e et suppli'e Fant^omas tant qu’il avait eu encore un peu d’'energie. Mais cette fois, vaincu par la froide assurance dont faisait preuve le Ma^itre du Crime, il ne pouvait plus articuler un mot.
Le brevet d’extradition d'echir'e, jet'e au vent du soir, 'eparpill'e sur le talus des fortifications, Fant^omas cria :
— Et voil`a, voil`a, M. Dupont de l’Aube, comment j’agis lorsque l’on veut s’opposer `a mes desseins.