Le pendu de Londres (Лондонская виселица)
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— C’est une fatalit'e. Oh ma vie, mon sang, mon ^ame, pour qu’une pareille aventure arrive `a quelqu’un d’autre.
Mais Shepard s’'etait ressaisi :
— Bah ! Tom Bob… parbleu, puisque votre femme est vivante, on la retrouvera, et dans quinze jours au plus, vous serez libre…
— Mais pendant ce temps, Daniel, l’enfant de ma ma^itresse, qui le recherchera comme je l’aurais recherch'e moi-m^eme ?
— 'Ecoutez, j’ai mandat contre vous, Tom Bob et je vais vous arr^eter… dit Shepard, mais mes instructions me laissent libre d’inculper, ou non, de complicit'e votre ma^itresse… je vais donc laisser libre votre amie qui va pouvoir faire les recherches n'ecessaires, alors que nous deux, Tom Bob, nous regagnerons l’Angleterre par le premier paquebot que nous allons croiser…
Les deux hommes causaient encore qu’un marin frappait `a la porte de la cabine.
— Mister Shepard, demanda-t-il, le capitaine Hill serait d'esireux de vous parler ?…
— Je vous suis mon garcon… et `a Tom Bob :
Mais le capitaine Hill, avant m^eme que Shepard ait pu articuler un mot, avait tendu au policier la d'ep^eche qu’il venait de recevoir :
« Pri`ere au capitaine Hill de pr'evenir le d'etective Shepard, d`es qu’il aura rejoint le bord duVictoria, que des vestiges humains, lambeaux de chair, fragments d’os ayant appartenu au cadavre, soit d’une femme, soit d’un enfant, ont 'et'e retrouv'es au cours d’une perquisition dans la cave du docteur Garrick, `a Putney. Ordre est donn'e en cons'equence au d'etective Shepard d’arr^eter d'efinitivement le docteur Garrick inculp'e d’assassinat sur la personne de lady Garrick et la ma^itresse du dit docteur Garrick inculp'ee d’assassinat sur la personne de son enfant disparu, Daniel. Il semble, en effet, que le docteur Garrick ait tu'e sa femme pour vivre avec sa ma^itresse, et que celle-ci ait tu'e son enfant, Daniel, pour ^etre plus libre. »
Et ayant lu cela, Shepard, baissant la t^ete, avait dit :
— Il va donc falloir, Tom Bob, que je vous arr^ete tous deux ?…
`A quoi, sto"ique, le malheureux Tom Bob n’avait pu que r'epondre :
— C’est votre devoir…
8 – QUI EST CETTE 'ETRANG`ERE ?
La nuit tombait.
Aux environs de Bonni`eres sur les rives de la Seine entre lesquelles le fleuve s’'ecoule large et paisible, le silence s’affirmait au cr'epuscule. Une brume l'eg`ere et ti`ede succ'edait `a la journ'ee caniculaire qui venait affirmer les premi`eres manifestations du printemps.
Sur la route de halage, un homme cheminait lentement.
Son pas lourd et pesant faisait crier le gravier du sol ; c’'etait un vieillard, un paysan qui portait sur ses robustes 'epaules une hotte remplie de l'egumes.
Apr`es avoir remont'e le cours du fleuve pendant cinq cents m`etres environ, et avant d’arriver au village de Rolleboise qui au pied d’une colline borde la Seine, uniquement s'epar'ee de la rivi`ere par la grande route nationale, le vieillard s’arr^eta devant une maisonnette de modeste apparence, mais d’aspect coquet.
Trois marches de pierre permettaient d’acc'eder au jardinet sur'elev'e d’un m`etre environ au-dessus du niveau du chemin.
Le vieillard, apr`es avoir frapp'e la pointe de ses souliers contre la premi`ere des marches pour d'ebarrasser ses semelles de la terre glaise qu’elles avaient apport'ee des champs et des vergers, ouvrit la petite barri`ere de bois.
`A peine 'etait-il dans l’enclos qu’une voix jeune et fra^iche le saluait d’un joyeux :
— Bonsoir, grand-p`ere !
— Bonsoir, grommela le vieillard… bonsoir, ma petite Berthe… comment as-tu pass'e la journ'ee ?
Puis, sans attendre la r'eponse, le vieux paysan poursuivait :
— Fichu temps, les petits pois 'etaient rares cet apr`es-midi…
L’interlocutrice du vieillard se r'ecriait :
— Vous osez dire, « fichu temps », grand-p`ere …. vraiment vous ^etes difficile…, jamais depuis que l’hiver s’est achev'e, nous n’avons encore eu une aussi belle journ'ee. De la chaleur, du soleil, des oiseaux qui gazouillent, du bleu plein le ciel…
— Ta ta ta… interrompit le vieillard, va toujours, petite, une jeunesse comme toi ca ne pense qu’`a regarder autour de soi et ca ne voit dans les paysages qu’un objet d’amusement. Moi je dis que c’est un fichu temps parce que lorsqu’il fait beau, la terre est trop s`eche et les pois ne poussent pas…
Le vieillard jeta avec d'edain sur un petit carr'e de gazon dessin'e devant la maisonnette, sa maigre r'ecolte. Il haussa les 'epaules et r'esign'e :
— Bah ! `A chaque jour suffit sa peine, les vents sont d’ouest ce soir, nous aurons de la pluie demain…
Tendrement, il se pencha alors sur le front de la jeune personne qui l’avait appel'e grand-p`ere. Il d'eposait `a la naissance de ses cheveux blonds un affectueux baiser.
— Vraiment, tu te sens mieux, fillette ?
Pour toute r'eponse la jeune femme embrassa l’a"ieul…
***
`A quelques centaines de m`etres du village de Rolleboise, dans cette maisonnette entour'ee d’un jardin propret, vivaient deux excellents vieillards : le p`ere Yxier et sa femme, la m`ere Catherine.
Ils avaient une modeste aisance, poss'edaient en toute propri'et'e le lopin de terre sur lequel s’'elevait leur demeure.
Leur existence durant, ils avaient travaill'e, 'economis'e. Leurs derniers jours s’ach`everaient, sinon dans l’opulence, du moins dans le calme et la paix, sans le souci du lendemain.
Depuis d'ej`a trois ou quatre ans, ils avaient avec eux leur petite-fille, jeune et jolie femme de vingt-cinq ans environ, M lleBerthe, comme on l’appelait dans le pays.
`A la mort de ses parents, survenue d`es son enfance, ils l’avaient 'elev'ee avec la plus grande tendresse, lui faisant donner une 'education soign'ee.
Puis la jeune fille partit pour Paris o`u elle exercait diverses professions. Ses grands-parents ne la virent plus qu’`a de rares intervalles, il leur sembla m^eme que peu `a peu elle se d'etachait d’eux.
Or, un certain jour, il y avait de cela pr`es de quatre ans, Berthe leur 'etait venue relevant, semblait-il, d’une grande maladie au cours de laquelle son existence avait 'et'e en danger.